INCIPITS : QUELQUES PREMIÈRES PHRASES DE GRANDS LIVRES

Je ne voudrais surtout pas vous proposer les milliers d’incipits des milliers de « grands livres ». Aussi, je me contenterai de dix.

Je précise humblement que par « grands livres », je fais en réalité référence à ceux puisés çà et là dans ma bibliothèque et qui m’ont laissé une trace indélébile. J’admets bien sûr que la notion est toute relative.

Les incipits que je vous propose sont variés. Certains sont connus, d’autres moins. Certains donnent le ton du livre. D’autres, de par leur concision, invitent peut-être davantage le lecteur à aller plus loin.

Si je devais faire une corrélation hasardeuse entre les incipits des livres et le premier trait d’un tableau, je ne pourrais que reconnaître une absence de comparaison possible. Si l’on peut aisément voir la première phrase d’un livre, je mets au défi quiconque d’identifier la première touche apposé sur une toile. Il existe pourtant bien, le plus souvent invisible.

J’espère que ces quelques lignes, truffées d’hyperliens, vous permettront, si le cœur vous en dit, d’en connaître davantage et vous donneront envie de lire ou de relire les livres que j’ai choisis (parmi ces liens, je vous suggère ardemment celui lié à « Tristes tropiques », lequel est une vidéo INA du maître s’exprimant précisément sur son incipit).

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« Ça a débuté comme ça. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932

« C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar ».

Gustave Flaubert, Salammbô, 1862

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure ».

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913

« Je hais les voyages et les explorateurs ». (pour la dernière phrase de ce chef d’œuvre, aussi longue et ardue que l’incipit est court et clair voir ici)

Claude Lévi Strauss, Tristes tropiques, 1955

« Le village de Holcomb est situé sur les hautes plaines à blé de l’ouest du Kansas, une région solitaire que les autres habitants du Kansas appellent “là-bas” ».

Truman Capote, De sang-froid, 1965

« Deux chaînes de montagnes traversent la république du nord au sud à peu près, qui ménagent entre elles nombres de vallées et de plateaux ».

Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan, 1947

« A travers la barrière, entre les vrilles des fleurs, je pouvais les voir frapper. Ils s’avançaient vers le drapeau, et je les suivais le long de la barrière ».

William Faulkner, Le bruit et la fureur, 1929

« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse ».

Françoise Sagan, Bonjour tristesse, 1954

« La Voie vraiment Voie est autre qu’une voie constante ».

(Attribué à) Lao-Tseu, Tao Te King, environ 600 avant Jésus Christ

« Au milieu du chemin de notre vie, ayant quitté le chemin droit, je me trouvai dans une forêt obscure car la voie droite était perdue »

Dante, La divine comédie, entre 1303 et 1321

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